Pour beaucoup, la viticulture en Belgique semble être un phénomène récent. Pourtant, l’histoire nous prouve que la culture de la vigne sur nos terres est bien plus ancienne qu’on ne l’imagine. Les premières traces de vigne sur le territoire belge remontent vraisemblablement à l’époque gallo-romaine, c’est-à-dire entre le Ier et le IIIe siècle. Des recherches archéologiques laissent à penser que des plantations expérimentales ont pu exister autour de la vallée de la Meuse et à proximité de la ville de Liège.
Au fil des siècles, la production de vin a connu des hauts et des bas. Des documents médiévaux attestent qu’au Moyen Âge, les coteaux de certaines grandes villes (comme Huy, Namur ou Bruxelles) étaient en partie recouverts de vignes destinées à une consommation locale. Le climat n’était pas toujours favorable, mais les conditions géopolitiques et l’intérêt croissant pour le vin poussaient les populations à imiter la France voisine, qui excellait déjà dans l’art de la viticulture.
À partir du Xe siècle, le vin belge commence à être mentionné plus régulièrement dans les textes administratifs et religieux. Les cépages de l’époque, bien différents de ceux que nous connaissons aujourd’hui, étaient souvent rustiques, capables de résister à des hivers rigoureux et à une saison de croissance courte. Le vin produit était alors essentiellement blanc, même si l’on trouve quelques rares références à des cuvées de rouge.
Quand on évoque la culture de la vigne au Moyen Âge, on pense souvent aux abbayes et à leur rôle déterminant dans le développement de la viticulture. En Belgique, plusieurs ordres religieux, comme les bénédictins ou les cisterciens, ont grandement contribué à la diffusion du savoir-faire viticole. Les moines, qui cherchaient à subvenir à leurs besoins et à produire leur propre vin pour la liturgie, ont investi temps et énergie dans l’amélioration des techniques de vinification.
L’abbaye de Villers, dans le Brabant wallon, est un exemple emblématique de ce phénomène. Fondée au XIIe siècle, elle possédait des vignes dans ses environs immédiats et gérait également des vignobles plus éloignés, notamment le long de la Meuse. Les moines y produisaient un vin de messe, mais aussi un vin de consommation courante.
D’autres établissements religieux, comme l’abbaye de Saint-Trond ou encore celle de Floreffe, ont suivi le même modèle, créant de véritables réseaux de vignobles. Les moines maîtrisaient des techniques de vinification avancées pour l’époque et sélectionnaient des cépages adaptés aux climats frais.
Si la Belgique possède depuis longtemps une tradition viticole, elle n’a jamais bénéficié d’un climat particulièrement clément. Situé au nord de l’Europe occidentale, notre pays a des hivers souvent rigoureux, un printemps parfois tardif et un été relativement court et humide.
Entre le XIVe et le XIXe siècle, l’Europe a connu une période de refroidissement climatique appelée “Petit Âge Glaciaire”. Les étés plus frais et les hivers plus longs ont considérablement réduit les rendements dans les vignobles belges.
Pour pallier ces difficultés, certains vignerons ont eu recours à des murs de protection ou ont planté des vignes à proximité de grandes villes dont la densité de bâtiments créait un microclimat plus chaud.
Plusieurs facteurs expliquent la lente disparition du vignoble belge :
Au XXe siècle, la viticulture belge était quasiment inexistante, et la culture de la vigne était devenue un simple loisir amateur.
À partir des années 2000, un mouvement de renaissance viticole a vu le jour. Plusieurs facteurs y ont contribué :
Des pionniers ont relancé la production de vin mousseux en Wallonie, profitant de coteaux calcaires rappelant ceux de la Champagne. En Flandre, des domaines comme Kasteel Genoels-Elderen ont également fait parler d’eux.
On sait peu de choses des cépages historiques belges, car la documentation du Moyen Âge et de la Renaissance est souvent fragmentaire.
La toute première appellation viticole officielle en Belgique est l’AOC Hageland, reconnue dès 1997. Quelques années plus tard, en 2004, la Wallonie a obtenu sa propre AOC, baptisée “Côtes de Sambre et Meuse”.
Alors que la Belgique se fait une place de plus en plus remarquée sur la carte mondiale des vignobles septentrionaux, il reste encore beaucoup à découvrir. Ce renouveau témoigne de la vitalité d’une viticulture belge qui veut rattraper le temps perdu, se moderniser tout en préservant un héritage séculaire.
Au final, l’histoire du vin en Belgique est l’exemple d’une passion collective, transmise de génération en génération. Nos vignobles sont plus que jamais tournés vers l’avenir, avec la volonté de produire des vins authentiques et novateurs. Prêt à partir à la découverte des coteaux belges ?