Un patrimoine méconnu : la vigne en Belgique au Moyen Âge
Pour comprendre la disparition progressive des vignes belges, il est essentiel de revenir sur l’importance historique de cette culture. À partir du début du Moyen Âge, de nombreux documents – parmi lesquels des cartulaires conservés dans des archives monastiques – attestent de l’existence d’une activité viticole dans plusieurs régions du pays. Les abbayes de Saint-Pierre et de Saint-Laurent (à Liège, notamment) possédaient des vignobles de taille variable où moines et vignerons travaillaient de concert. D’autres sites religieux comme l’abbaye de Flône, située non loin de Huy, entretenaient également leurs propres vignes, s’assurant ainsi une production régulière de vin destiné à la consommation interne et aux célébrations liturgiques.
Si l’on en croit certains écrits anciens, on retrouve trace d’un certain Jean, vigneron mentionné dans les registres locaux. Les moines notaient scrupuleusement les détails de ces vignobles dans le cartulaire de leur communauté : superficies, cépages plantés, récoltes annuelles, etc. Ainsi, au fil des siècles, un riche patrimoine viticole a vu le jour dans différents lieux de l’actuelle Wallonie, notamment autour de Namur et le long de la Meuse. La culture de la vigne prospérait alors grâce à un climat plus clément qu’on pourrait l’imaginer aujourd’hui, et surtout grâce au savoir-faire des moines, véritables pionniers de la viticulture dans nos contrées.
On le sait peu, mais la vigne poussait également en Flandre, parfois abritée derrière des murs de couvents ou de seigneuries. Des archives datant du XII ou XIII siècle indiquent par exemple que la cour d’un grand seigneur pouvait compter plusieurs vignes dédiées à une production locale de vins. Les quantités restaient modestes, certes, mais la qualité pouvait surprendre. À cette époque, la Belgique n’avait rien à envier à d’autres pays septentrionaux. Nous étions loin de la renommée internationale de la Champagne ou de la Bourgogne, mais la culture de la vigne trouvait bel et bien sa place au sein du paysage rural local.